Fiche de lecture n°4. Le 3 novembre 2006
Les sites web des bibliothèques municipales françaises. Vers de nouveaux territoires ? Emmanuelle Chevry. Bulletin des Bibliothèques de France, t. 51, n° 3, 2006 p. 16 à 23.
Résumé :
Après le rappel des missions traditionnelles des bibliothèques municipales qui offrent des ressources et des services à une population locale qui consulte sur place ou qui emprunte les documents et que les bibliothécaires aident, conseillent. L’auteur présente ce qu’apporte en plus un site web c’est à dire une consultation des fonds à distance et des traitements automatisés.
80 bibliothèques municipales françaises sont présentes sur le web, en 2006 cela représente
57 % des bibliothèques municipales et intercommunales des grandes villes de France. Elles gardent pour cible un public local. Dans 71 % des cas, le site web sert seulement à offrir plus de services à ce public pour que celui-ci puisse préparer sa venue en consultant le catalogue de la bibliothèque, vérifier la disponibilité d’un ouvrage, échanger avec le personnel de la bibliothèque. Il s’agit aussi d’accroître le nombre d’inscrits sur le territoire en faisant connaître l’établissement souvent par le bulletin municipal ou le portail de la mairie à laquelle la bibliothèque est rattachée et informer de nouveaux usagers sur les services offerts. Tout est présenté de façon à ce que le futur lecteur puisse s’approprier l’établissement.
Le but n’est pas de substituer une bibliothèque virtuelle à la bibliothèque physique.
Parmi ces 80 bibliothèques, 29 % propose une offre numérique par le biais de prêt de livres numériques c’est à dire des ouvrages récents soumis au droit d’auteur qui peuvent s’emprunter à distance par téléchargement et par la consultation en ligne de fonds numérisés qui portent sur les œuvres patrimoniales des bibliothèques municipales car ces fonds sont libres de droit. Ce n’est qu’une infime partie des fonds de la bibliothèque municipale. Cela permet de préserver les originaux mais d’en mettre une copie numérisée à la disposition du public. Le ministère de la Culture finance à 100 % les opérations de numérisation des fonds appartenant à l’Etat. Ces documents numérisés sont des fonds remarquables qui sont en lien avec l’histoire régionale ou locale. Quelquefois ces documents sont présentés sous forme d’offre éditoriale : des expositions virtuelles, des dossiers documentaires, des dossiers pédagogiques, des dossiers thématiques et des jeux multimédias. Il s’agit de faire un travail intellectuel, technique, pédagogique sur le document numérisé pour permettre sa compréhension, d’attirer l’intérêt d’un public plus large en proposant des informations complémentaires favorisant son accès, de prolonger en ligne des expositions temporaires, de compléter les évènements par exemple les conférences qui se déroulent dans la bibliothèque ou bien d’en conserver une trace. Les dossiers pédagogiques et les jeux interactifs vont permettre au jeune public de s’intéresser aux documents anciens et à l’histoire sous une forme intellectuellement accessible, ludique ou conviviale.
Le service de renseignements en ligne est le dernier service disponible pour n’importe quel internaute du monde pour poser des questions d’ordre informatif ou documentaire qui permettront de constituer une base de connaissances interrogeable sur le site de la bibliothèque municipale.
Pourtant, le taux de fréquentation des sites web des bibliothèques municipales est peu important. L’auteur apporte quelques explications à cela. Tout d’abord, la réussite dépend de la taille et des moyens de la bibliothèque municipale. Une bibliothèque numérique nécessite des financements et des compétences. Par ailleurs, le web est un domaine très concurrentiel donc la bibliothèque doit adopter l’attitude marketing d’une entreprise commerciale qui relance sa clientèle et envoie régulièrement des questionnaires pour cerner les centres d’intérêt des usagers. Il faut connaître la demande et les attentes réelles des internautes-lecteurs qui peuvent être à la fois des curieux, des érudits, des étudiants mais aussi des associations ou des entreprises, offrir de nouveaux services, se spécialiser pour les bibliothèques municipales est un atout important car elles offrent des collections patrimoniales souvent uniques, se rattacher aux sites d’institutions locales ou universitaires pour avoir une renommée suffisante. Car la notoriété d’un site web s’auto-alimente. Plus il est visité et mieux il est référencé dans les moteurs de recherche.
La possibilité de consulter des fonds numérisés en ligne n’est donc pas le gage d’une augmentation du taux de fréquentation. Selon l’auteur, la prise en compte de la demande réelle du public pour construire une offre numérique autour d ‘elle est une condition essentielle à un développement du lectorat. Mais il reste deux freins à l’élargissement du public, le premier vu précédemment est la concurrence existante sur le web et en ce qui concerne les livres numériques c’est un obstacle juridique dû au droit d’auteur.
Commentaires :
Ce qui m’a intéressé dans cet article est de connaître les différentes présentations possibles des documents numérisés. La numérisation des fonds patrimoniaux a son utilité non seulement pour la préservation des documents, mais aussi pour faire connaître au grand public des documents remarquables sur l’histoire locale ou régionale, donc par sa diffusion sur internet. Déjà un document ancien original est trop souvent méconnu car il est consulté par un public qui pense qu’il peut le lire, le comprendre. Pourtant il ne faut pas qu’intéresser les érudits, les étudiants en histoire ou les historiens locaux. Il faut donc proposer aux lecteurs une offre numérique qui va l’intéresser. Cela est très certainement en priorité les ouvrages récents si le matériel pour les lire se démocratise. Mais aussi les documents patrimoniaux si ceux-ci sont présentés sous forme d’exposition virtuelle, de façon ludique, conviviale et pas seulement pour les plus jeunes.
Les responsables des bibliothèques devront convaincre les responsables des collectivités locales du bien-fondé de ces nouvelles missions offertes pour un public d’internautes car ce sont elles qui financent. A mon avis, cela aura une retombée positive sur la notoriété de la ville, de la région.
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